un matin ensoleillé | ft. Thaddeus

Il fait étonnamment chaud aujourd’hui. Tu as pu déjeuner dehors en te réveillant, tes épaules recouvertes d’un plaid pour te cacher des courant d’air froid apportés par la mer. Derrière toi, la petite villa commence doucement à se réveiller, ta mère est déjà partie travailler depuis quelques heures mais ton Papou, tes sœurs et ton frère sortent doucement de leur sommeil. Pour leur faire plaisir, tu as préparé leur petit déjeuner sur la table de la cuisine ; de toute façon tu n’avais pas grand-chose à faire. Réveillée tôt, tu as été incapable de te rendormir. Tu n’as pas envie de te poser devant un ordinateur, ou devant la télévision. Tu avais simplement envie de faire plaisir à ta petite famille. Tu sais qu’il faudrait que tu leur dises que tu as retrouvé ta mère biologique mais tu ne sais pas comment leur dire ; tu ne sais pas comment leur annoncer, tu as peur de les blesser.

Une petite heure plus tard, tu observer par la fenêtre du salon, l’extérieur de la villa. C’est beau dehors. Tu es toujours en pyjama, parce que tu n’as pas encore trouvé le courage de t’habiller ; en même temps on est tellement bien dans ton pyjama, pourquoi le quitter ? Tu aperçois rapidement au bout de la rue le livreur de journaux qui passe tous les matins devant la maison ; et tu décides de faire une bonne action. Dans ton esprit, tu te dis que sa tournée doit être longue, alors tu te diriges vers le frigo pour attraper une petite bouteille d’eau et au moment où il arrive devant ta porte, tu sors avec un sourire aux lèvres et tu décides de parler avant qu’il ne continue son chemin : « Bonjour ! » Tu es de bonne humeur et ça doit sans doute se ressentir dans ta voix. « Je me suis dit que tu… Vous auriez peut-être envie d’un peu d’eau ? » Tu marques une courte pause. « Et hum, merci pour le journal ! » Tu lui tends la bouteille d’eau pour l’encourager à la prendre.

Tu te sens gênée, ta bouteille entre les mains alors qu’il ne semble pas vouloir la prendre. Tu pinces tes lèvres, passe une main dans ta nuque sans savoir vraiment comment réagir face à son comportement… Ca ne part pas d’un mauvais fond si c’est ce qu’il pense. Ta gêne commence à se lire sur ton visage. « Oh… Hum… Vous n’avez pas soif ? Je… Je ne voulais pas vous offenser, vraiment… Je me disais juste qu’avec cette chaleur… Tu- … Vous auriez surement chaud et qu’un peu d’eau ça vous ferez du bien ? » Et voilà que tu commences à trop parler, mais tu viens ramener la bouteille contre toi ne sachant pas vraiment comment réagir, mais ça t’intrigue un peu qu’il dise non à une bouteille d’eau… Enfin, de l’eau ce n’est que de l’eau. Et puis, il ne semble pas très bavard.

« Ah moins que vous ne préféreriez un café, je peux vous en préparer un si vous voulez, il y en a de près sur la table à manger ? » Tu cherches un peu tes mots et ton joli regard émeraude ne le lâche pas. Parce que t’essaies aussi de savoir si tu as fait quelque chose de mal. Tu n’as eu le droit qu’à un bonjour et d’habitude les gens semblaient plus bavards, à moins qu’il n’aime pas parler et dans ce cas-là tu devais l’ennuyer à parler autant et ce n’était absolument pas ton intention.

Thaddeus ne comprenait pas les gens. La plupart l'ignorait, se contentant de récupérer leur journal et faire comme s'il n'existait pas. Thaddeus ne souriait jamais. Il n'avait pas envie de sourire. Il n'avait envie de rien, juste rentrer et vivre sa nouvelle vie de garçon libre. Mais cette cliente là, était différente. Elle était gentille. Thaddeus ne savait pas ce que c'était que la gentillesse. C'était une nouveauté étonnante qui le rendait muet. Alors qu'il pouvait parler.

Il fixa la demoiselle avant d'enfin répondre. "Je n'ai pas 20 ans, tu peux me dire tu... J'aime pas le vous..." Le vous lui rappelait des mauvais souvenirs. L'école. Même s'il n'avait fait que l'école primaire. "Je n'ai pas l'habitude à ce qu'on me remarque... alors pardon de mes manières sauvages...Je ne suis même pas censé parler avec vous ou je vais être en retard pour la suite de ma tournée..."

« Excuses-moi je ne sais jamais trop si je dois vouvoyer ou tutoyer quelqu’un. » Tu lui souris tendrement. En même temps, à l’école on vous apprendre à vouvoyer toutes les personnes plus vieilles que vous et tutoyer vos amis. Mais dans la rue, comment tu peux savoir que quelqu’un est plus vieux que toi ? Tu as remarqué que beaucoup de personnes ne font pas leur âge.

Un froncement discret apparait sur ton visage à peine quelques secondes. « Oh non, ne t’excuses pas, c’est pas grave. » Tu le rassures, en fait, tu le trouve adorable avec ce petit livreur, et ça te fait presque mal au cœur qu’il te dise que personne ne le remarque. Et c’est là qu’il te dit qu’il ne peut pas rester, parce qu’il va prendre du retard. « Je ne voulais vraiment pas te mettre en retard, mais je me suis dit que vu que tu nous livres tous les matins, la moindre des choses c’était de t’offrir une bouteille d’eau, il annonce beaucoup de chaleur. »