Seuls au monde | ft. Milo.

Tu étais seule à la maison, pas de sortie ce soir. Une petite soirée au calme te ferait sans doute le plus grand bien. Et si tu avais hésité à choisir la facilité et à te commander une pizza à manger en tête à tête avec toi-même, tu t'es résignée à te faire un petit plat par tes propres moyens, bien que peu douée en cuisine. Il valait mieux ça qu'un repas bourré de calories que, de toute façon, tu n'aurais sans doute pas fini. Et si tu t'étais décidée à préparer une recette de famille, tu t'es rendu compte qu'il te manquait deux ou trois ingrédients, pour ne pas dire tous. Tant pis, tu irais faire deux ou trois courses. Hors de question pour toi de décrocher le téléphone et de commander quoi que ce soit ! Tu as attrapé un sac à main, enfilé des chaussures et tu t'es rendue dans une grande surface affin d'y faire tes emplettes. Il était déjà tard et le magasin fermerait d'une minute à l'autre, mais il te fallait absolument ces ingrédients, tu n'avais envie que de ça, de rien d'autre. Question de vie ou de mort, donc. Te voilà à voyager dans les rayons du dit lieu, perdue dans tes pensées et ignorant totalement les appels qui invitaient les clients à terminer au plus vite leurs courses et de se rendre aux caisses. Tu étais totalement ailleurs, à penser à tes frères partis pour un road trip sans toi. Ils te manquaient même si tu les voyais de temps en temps par Skype afin d'avoir des nouvelles et de t'assurer qu'ils étaient toujours en vie.

Une chose en entraînant une autre, les lumières se sont éteintes, les employés ont quitté les lieux et tu es restée plantée là, dans un rayonnage lointain. « Non, mais attendez ! » Trop tard, les portes étaient déjà closes et aucun moyen de sortir. Génial ! Qu'est-ce que tu avais encore dans la tête ! Tu as tenté d'ouvrir les portes, mais rien à faire. Tu t'es assise dans un coin. Il ne te restait plus que ça à faire. Attendre que le jour se lève, que les employés se pointent et ouvrent ses maudites portes pour que tu sois enfin libérée. Et puis ton regard s'est attardé sur une silhouette. Impossible. Tu pouvais encore accepter cette fatalité de t'être fait enfermée toute seule ici, mais inutile de dire que tu accepterais d'être en sa présence pendant toute une nuit. La dernière fois que vous vous étiez croisés, tu avais eu du mal à te contenir. Tu ne pouvais rarement passer une journée sans penser à lui, pour tu ne sais quelle raison au juste. Et vous voilà donc, Milo Wincester et toi, embrassant une nuit plus que gênante. « Je suppose que je ne dois même pas être surprise de me retrouver coincée ici avec toi ! »

Un malheureux hasard ? En effet ! Quelle était, au juste la probabilité que tu tombes encore nez à nez avec Milo ? Et quelle était la probabilité que vous vous fassiez enfermer tous les deux dans un magasin, dans la pénombre ? Tu aurais penché pour dire qu'il n'y avait presque aucune chance que cela se produise et pourtant, l'infime opportunité que cela se présente à vous a pris le pas. La nuit promettait d'être bien longue. Tu n'étais pas des plus ravie de la passer aux côtés de Milo. Cela dit, quelque chose en toi se réjouissait de cette perspective, celle d'être entièrement à sa merci. C'était exactement cette même chose qui te rappelait son visage dans tes rêves où lorsque tu te perdais dans tes pensées. Sincèrement, qu'est-ce qui pouvait bien te plaire chez ce type ?! « Je confirme, t'es bien un boulet ! J'ai du mal à imaginer que toi, Milo, tu sois coincé dans un magasin. » Il était assis à tes côtés, tu avais une tête dépitée. Tu te sentais complètement perdue. Aucun moyen de sortir de ce cauchemar ou bien, était-ce un rêve, finalement ? Tu ne savais qu'en penser exactement. « Ah mais si, bien sûr qu'on peu sortir, je me suis simplement assise ici pour réfléchir à quand j'allais franchir ces maudites portes ! » T'étais un peu énervée quand même. Te faire enfermer dans un magasin et attendre là toute une nuit, c'était pas cool. Au moins fallait-il voir le bon côté des choses et te dire que ta soirée au calme en solitaire c'était transformée en une soirée au calme dans un magasin et que tu n'étais pas si seule que ça. « On fait quoi, maintenant ? J'ai laissé mon portable dans la voiture, j'sais appeler personne. »

Tu as fini par te dresser sur tes deux jambes, à parcourir le rayonnage dans le prolongement de l'endroit où tes fesses étaient posées sur le sol. Tu as contemplé les marchandises. Tu t'es soudain arrêté et tu as attrapé une barre de chocolat que tu as ouvert avant d'en casser un morceau et de le fourrer dans ta bouche. T'as savouré ce petit morceau de bonheur. C'est un peu comme si, le temps d'un instant, tu avais réussis à quitter cet endroit. Et puis, le morceau de chocolat a fondu et la réalité à repris ses droits. Ton regard s'est alors porté sur la seule personne présente avec toi. « Oh pardon, tu en veux, peut-être ? » Tu lui as tendu le chocolat, attendant de voir s'il suivrait le mouvement ou non. Après tout, si la soirée promettait d'être interminable, pourquoi ne pas l'agrémenter de petits plaisirs ?!