Tu comptes faire quoi, au juste ? | ft. Thaddeus.

Tu reviens d'avoir été faire un tour. Comme un besoin de te changer les idées, de te retrouver loin de toute cette merde autours de toi. Tu sais bien que tu as choisis cette vie, mais des fois, tu as cette impression d'en avoir trop sur les épaules. Il y a quelques jours encore, quelqu'un avait essayé de te la mettre à l'envers. Prendre une arme et partir. C'est pas comme si ça n'arrivait jamais. Tes clients pensent constamment que le fait que tu sois une femme te rend bien faible par rapport à eux. Tu profites souvent de cette image pour coller un moyen de pression nettement plus surprenant en sortant une arme et en la braquant directement sur leur tempe et réclamant de l'argent. Inutile de dire que ça te saoulait grave que tout le monde essaie de se barrer avec la marchandise sans dépenser un seul sous. Comme s'ils ignoraient que tu avais aussi besoin de ce foutu argent pour vivre. Sinon, tu n'aurais clairement pas choisi de faire ce que tu fais. Tu ne vivrais pas non plus dans ce trou à rats.

Bref, te voilà de retour. Tu cherchais tes clés dans la poche de ton perfecto en cuir, la sortit et ouvrit la porte. Te voilà donc à l'intérieur, jetant tes clés n'importe où - tu devras surement les chercher lorsque tu choisiras de mettre un pied dehors. Tu te précipites dans ta chambre, retirant presque tout ton haut quand tu vis Thaddeus. Franchement, si on t'avait un jour dit que ton neveu serait là à ton retour, tu n'y aurais jamais cru. Premièrement parce que tu pensais bien ne plus en avoir et ensuite parce que tu imaginais mal que quelqu'un veuille compter sur toi pour quoi que ce soit. Tu le sais, t'es parfois pas claire, t'es pas toujours la personne que les gens pensent. Et depuis quelque temps, t'as l'impression que ce gamin a aussi les idées embrouillées à ton sujet. Mais là n'était pas la question. Il venait de te voir en soutien-gorge en plus d'avoir la main posée sur une sacrée liasse de billets. Tes collocs savaient qu'ils pouvaient le faire entrer ici. Il était de ta famille alors, il pouvait se sentir chez toi comme chez lui. Mais là, il volait carrément ton butin. Hors de question. « Tu comptais faire quoi, au juste avec tout ça ? » La porte de ta chambre à claqué, tu jurerais avoir entendu des biblos tomber de l'autre côté. Aucun mot ne pouvait décrire à quel point tu étais furieuse. « T'avais l'intention de rester pour me dire bonjour ou bien tu comptais t'en aller avec tout ça sans même m'en informer, p'tit con ? » Tu soupires, tes bras sont croisés, t'es pas d'humeur à le laisser s'en tirer comme ça. Le ton monte. « Tu vas vite déposer ça là où tu l'as trouvé et t'as intérêt à ne plus jamais me faire un coup pareil ! » S'il avait été un parfait inconnu, tu lui aurais déjà réglé son compte. Là, c'était différent. Certes, il était ton neveu, mais ton argent restait ta propriété. Personne n'y touche. « Si t'as b'soin de quelque chose, tu viens me trouver sinon, j'te jure que la prochaine fois, tu te prends une balle dans la jambe et j'te laisse sur place. »

Il était parti, en fait, on l'avait mis dehors de l'appartement parce qu'il ne pouvait pas payer sa part. Il avait voulu la liberté et il en connaissait désormais les contraintes. Parfois, il avait l'impression de ne pas être normal. Il avait envie de faire du mal à tout ceux qui l'entourait, à commencer par sa famille. Il haïssait son père pour lui avoir menti et l'avoir enfermé. Il haïssait sa mère pour n'avoir rien dit. Et il haïssait ses frères aussi pour avoir eu une vie normale. Thaddeus avait l'impression d'avoir été un bout de viande desséché. Thaddeus savait qu'il avait été adopté. Il savait qu'il avait une tante aussi, ils s'étaient déjà parlés.  Mais il ne voulait pas aller vers elle en mode "je suis à la rue". Il ne voulait pas non plus rentrer chez lui parce qu'il savait qu'il retrouverait le grenier et Thaddeus ne voulait plus être enfermé. La seule idée qu'il avait, c'était de piquer de l'argent quelque part et tenter de trouver un toit pour la nuit et de pouvoir manger. Même si Thaddeus et la nourriture, ça faisait deux maintenant.

Il alla chez sa tante, son air d'adolescent paumé passait parfaitement auprès des colocataires de Saraphine. De toute façon, il n'était qu'un adolescent perdu. Et il avait la désagréable impression que son père l'avait fait exprès de lui avoir privé d'une vie normale. Il était passé devant le lycée et il avait vu les gens de son âge. Personne n'était comme Thaddeus. Alors qu'il était dans la chambre de sa tante, Thaddeus trouva ce qu'il cherchait. Il ne voulait pas grand chose que 60 dollars. Il n'était pas non plus idiot au point de tout prendre à sa tante, sans lui mettre la puce à l'oreille. Soudain, un éclat de voit se fit entendre et il leva la tête pour voir Saraphine, l'air en colère. Bien sûr, il aurait du attendre mais il ne l'avait pas fait et elle l'avait pris la main dans le sac. Si Thaddeus aurait du être apeuré de la situation, il ne l'était pas. Il la regarda, l'air déconfit, semi en colère mais parfaitement calme. Ca ne servait à rien de s'énerver alors qu'il était coupable. Il soupira alors et il répliqua:

"Je voulais juste te prendre que 10 dollars, c'était tout... tu es arrivée et tu m'as vu avec..."

Il s'embrouillait, son coeur battait rapidement mais cela rassurait  Thaddeus. Il posa la liasse de billets, et il dit, d'un ton ironique:

"Bonjour! Ca va bien? Ouais ça va super et toi?"

Et malgré sa promesse de rester calme, Thaddeus était incapable de le faire. La menace de sa tante lui restait en travers de la gorge. Il reprit encore plus ironiquement:

"C'est que je devrais avoir peur? Boouh j'ai peur, je veux rentrer à la maison..."

Il leva les yeux au ciel et croisa les bras sur sa poitrine avant de dire:

"C'est bon je me casse, j'ai pas besoin de toi, je me débrouillerais autrement...."  

Ton neveu. Qu'allais-tu faire de ce môme complètement perdu ? Il t'expliquait qu'il ne voulait que 10 dollars et que malencontreusement, tu l'avais pris sur le fait, pensant qu'il te piquerait tout ton fric. C'était pas faux. Tu ne le connaissais pas depuis très longtemps et forcément, tu ne savais pas de quoi il pouvait être capable. A part tes collocs avec qui tu partages bien plus de choses que tu ne l'aurais cru, personne ne touchais à tes billets. « Dix dollars ou pas, ça s'fait pas de piquer dans la réserve des autres. J'bosse pour me faire ce fric. J'vais pas le laisser filer comme ça. » Là, il te surprend en dialoguant seul. Okay, tu l'avais mérité. Tu avais totalement mérité qu'il se foute de toi et du savon que tu étais en train de lui passer. Après tout, comme tu viens de te le dire, tu ne le connais pas depuis si longtemps. Tu ne sais pas ce qu'il a vécu. Rester dans un grenier n'était sans doute pas le meilleur endroit pour son développement. Cela dit, tu ne sais pas si rester auprès de son père et de sa mère aurait été une si bonne idée que cela. Il aurait sans doute mal tourné, tu en est presque certaine. Tu le vois, il n'a pas peur de ta menace. De toute façon, tu ne te verrais même pas lui coller une balle dans la cuisse et puis te retrouver en face de ton frère et lui lancer un grand "hey, j'te présente ton fil que tu pensais avoir perdu. Au fait, il a volé deux ou trois billets de ma réserve du coup, j'lui ai collé une balle dans la jambe. Allez, j'vous laisse faire connaissance !" Franchement, ton frère te tirerais une balle aussi et sans doute pas dans la jambe ...

Il fait mine de partir. Quelque part, tu trouves cette situation complètement ridicule et sans même que tu t'en rendes compte, tu rigoles. Un rire nerveux s'échappe de tes lèvres avant que tu ne te calmes pour lui lancer : « C'est bon, j'te les files, les dix dollars. » Tu attends qu'il réagisse pour reprendre. « A condition que tu me dises très exactement ce qu'il se passe. T'as besoin de ça pourquoi ? » Tu ne cesses d'agiter les billets sous le nez de ton neveu, te demandant si tu ne fais pas une erreur monumentale de céder à sa demande ... ou plutôt à sa tentative de vol. Toi aussi, tu as été dans la merde. Quand t'as quitté ton ex, il ne te restait plus rien. T'as du te débrouiller alors, t'as choisi de vivre cette vie. T'as commencé à acheter et revendre des petits sachets remplis de toute sorte de choses. D'ailleurs, il t'arrive plus d'une fois d'en acheter pour ton plaisir personnel. Mais là n'est pas la question. Plus jeune, tu aurais aimé pouvoir compter sur quelqu'un et ce n'était pas le cas. tu pouvais sans doute bien faire ça pour lui. Après tout, il est de ton sang. « Thaddeus, t'as des ennuis ? Parce que si c'est ça, j'botte le cul de celui qui te cherche des poux. Mais faudra me promettre de plus JAMAIS venir ici et voler mon argent. J'suis ta tante, tu peux compter sur moi, mais si tu commences à me faire des coups dans le dos, ça va vraiment pas le faire. » tu gardes toujours les billets dans ta main. tu attends. Tu ne fais que ça, attendre. Tu ne sais pas si tu comptes te plier à ses exigences ou si tu lui refuses. Tu aviseras en fonction de ses explications ...