ujourd’hui, après-midi sortie culturelle. Junneau partie pour une exposition photos d’un photographe du coin connu pour faire des avant-après de lieux et de paysages. Cette fois-ci, son dernier tirage était en l’hommage à sa ville natale, Lafayette. Jun n’a pas tous les jours l’occasion d’aller à une exposition comme celle-ci qui se déroule généralement ailleurs et non pas dans sa ville. Là c’était le cas. Elle ne pouvait pas passer à côté de cette chance. D’autant plus qu’elle trouvait ce style de photo à la fois drôle et enrichissante. C’était toujours intéressant de voir comment c’était avant, de voir comment sont les choses aujourd’hui et de se demander comment ça en est arrivé là, comment ça s’est construit, quelle idée, qu’est-ce qui a été perdu etc.
C’était juste dommage qu’elle s’y rende seule. Danaëlle n’avait pas pu se libérer et ce n’était même pas la peine de demander à ses frères, c’était pas leur truc. Bien sûr, Jun aurait pu demander aux membres de son club de photographie du lycée, mais maligne comme elle –ironie bien entendu- Jun n’avait gardé aucun moyen de contact avec eux. La plupart n’était peut-être plus en ville, puisqu’elle ne se souvenait pas de les croiser à la faculté. Après, l’Université est grande… M’enfin, tant pis ! Ça ne l’empêcherait pas pour autant de passer un bon moment ! Même si sérieusement… ça craint d’être toute seule à regarder une photo du centre ville datant du 19ème siècle et une d’aujourd’hui et de ne pouvoir rien dire ! Elle ne pouvait ni discuter ni commenter. Sans partage, il n’y avait plus vraiment d’intérêt et elle n’était pas assez folle pour se taper un monologue dans la pièce où elle se trouvait.
« Pfff… », un soupir qu’elle laissa échapper, embêtée et ennuyée de ne pouvoir pas correctement profiter de ce moment.
Comme un bon nombre d'événements à Lafayette, la famille de Michael avait financé une partie de l'exposition de photographie sur Lafayette. Alors, Anne avait décidé de s'y rendre avec son fils Michael, passionné de photo. Mais ils ne découvraient pas les clichés ensemble. Anne était occupée à parler avec des gens de la haute, ou des journalistes, ou des reporters, ou d'autres artistes qui souhaitaient des dons... Michael, après avoir dû subir le même sort que sa tendre mère, réussi à s'extirper pour aller découvrir une bonne fois pour toutes les photographies exposées. Il était sûr d'y trouver des vestiges de sa famille. Le nom des Levasseur était inscrit dans toute l'histoire de Lafayette. Là où il posait les yeux, il voyait ses ancêtres. Il ne pouvait pas leur échapper. Personne ne le pouvait.
C'est donc seul qu'il s'arrêtait devant chaque cliché, lisant le petit descriptif. Le contraste entre l'ancien monde et le nouveau monde était flagrant et stupéfiant. Il suscitait l'intention de Michael. Puis ce qu'il redoutait un peu arriva : il vit une photo du Levasseur Hôtel, aujourd'hui, et ce qu'il y avait avant à sa place. Sa famille, partout. Une jeune femme qui se tenait devant la photographie soupira, d'un soupir que Michael interpréta comme méprisant. Il se sentit tout d'abord offensé, ce qu'il n'aurait pas cru. Malgré son envie de rébellion, il ne pouvait pas se détacher de sa famille, qui comptait peut-être pour lui plus que ce qu'il ne pensait. Mais sa dent contre ses parents reprit le dessus, et il commenta lui aussi, à l'intention de la jeune femme.
- Eh oui, je sais...
Il posa alors son regard sur elle, et il ne la reconnu pas tout de suite. Il fallait deux ou trois secondes à son cerveau pour faire le lien entre cette fille, et cette fille de son club de photographie au lycée, dont il n'a jamais su le prénom. L'expression de son visage changea alors lorsqu'il la reconnu. Mais il n'eu pas le temps d'en faire la remarque.
Photography is about capturing souls not smiles ¤ Michael Levasseur