Il y a comme un gout de déjà vu (Even & Scarlett)

Split, un film si mystérieux et intéressant, mais une queue dont il ne voit pas la fin. Fatigué d'attendre, le jouvenceau papillonne à travers les diverses personnes s'apprêtant à payer leur tickets. Il sait que c'est déplacé mais le temps n'attend pas. C'est alors qu'il remarque une demoiselle à la crinière de feu à ses côtés. Tout comme lui, cette dernière a préféré dépasser que d'attendre des heures encore pour payer son ticket. Contre toute attente la caissière leur propose un rabais spécial pour les couples, quelle chance ! Aucun des deux ne prévient la caissière de l'erreur et c'est avec malice qu'ils obtiennent leur ticket à un prix plus abordable. Ils reçoivent en même temps une promo sur les pop corn, de quoi les ravir de plus belle. Malheureusement, ils se retrouvent de nouveau derrière une file, file composée de personnages de Star Wars. Le "couple" s'échange un regard, une façon pour eux de se dire que cette fois ils devront s'associer pour passer ce nouvel obstacle. Un sourire amusé gagne alors les lèvres d'Even, cette soirée s'annonce riche en distraction.

Petite soirée tranquille au cinéma, en solitaire. Enfin, tranquille semblait difficilement atteignable au vu de la file qui s'éternisait et qui ne cessait de s'allonger, à mesure que les personnes arrivaient. Certains faisaient mine d'aller parler à quelqu'un pour passer devant les autres. Tu n'étais pas venue pour faire la file et risquer de ne rien avoir, au final. Il en était d'ailleurs hors de question. Une idée de génie te passa par la tête. Il était temps de gagner du terrain. Oh mon Dieu, il y a un serpent ! Le tout accompagné d'un hurlement et d'un doigt pointé vers le côté de la file. Tout le monde se retourne et panique, certains s'en vont. Cela te permet de gagner quelques places et de précieuses minutes. Tu dégaines ton portefeuilles afin de payer ta place, mais tu n'as pas le temps de lever ta tête que l'on te demande un tarif de couple. Tu regardes à côté de toi et ne trouves rien à redire là-dessus. Et pour couronner le tout, il y a une réduction sur le pop-corn, comment refuser ? Mais, comme si ça n'avait pas été assez simple de passer devant tout le monde une première fois, vous voilà à nouveau coincé derrière une flopée de fans tous aussi ridicules que les autres. Tu fixes un moment ce Dark Vador. Tu es certaine qu'il te fixe malgré le fait que tu ne puisses pas entrevoir son regard pour confirmer tes dires. Toujours est-il qu'il fallait encore faire preuve de créativité pour tous les doubler. Tu jettes un coup d’œil à ton nouveau compagnon. Le coup du serpent ne fonctionnerait pas une deuxième fois. C'est vraiment dommage qu'on ait oublié qu'il y avait ça ce soir. Tu regardes l'autre moitié de ton 'couple' avant de reprendre. Nos costumes étaient prêts pourtant ... Tu affiches une moue déçue. Tu joues la comédie, évidemment ! Ce n'est en aucun cas ton genre de te déguiser pour tout et pour rien. Halloween est une des seules occasions où tu acceptes volontiers de te glisser dans la peau de quelqu'un d'autre. Maintenant, tu attendais qu'il comprenne où tu voulais en venir. Il ne fallait pas trop presser les choses non plus, ça passerait pour un énorme mensonge. Non, il fallait que ce soit subtil. Un petit concours de costumes bien à l'écart ferait l'affaire pour repousser tous ces gens horriblement vêtus.

- Oh oui, tellement dommage, reprend t-il en faisant la moue afin de faire rire sa petite-amie de fortune.

Elle est maligne cette jolie rousse, Even comprend vite où elle veut en venir et ne manque pas de mettre le plan à exécution.

- Hé, vous avez entendu parler du concours qui se passe là-bas ? qu'il dit à un mec déguisé en Darth Vader en pointant une salle à l'écart.

Immédiatement la rumeur se propage et le brouhaha s’amplifie. Puis comme la marée qui s'en va, cette vague de personnes costumées se dirige vers ledit endroit. Even partage alors un regard satisfait avec sa partenaire de crime. La voie est libre.

- Madame.

Il fait une révérence tout en laissant un sourire malicieux ses lèvres. Il se surprend alors à espérer que cette dernière se retrouve dans la même salle que lui, ce serait tellement dommage que cette journée soit la première et dernière qu'ils passent ensemble.

Tu avais sans aucun doute raison, à vous deux vous auriez gagné le concours haut la main. Certains de ces inconnus se trouvant devant tes yeux ne ressemblaient même pas à un personnage, tellement le déguisement était de pacotille. Tu aurais fait beaucoup mieux. Bref, ton partenaire ne met pas beaucoup de temps à assimiler ce que tu dis et à enchaîner, faisant déguerpir la meute de personnages. Tu étais enfin débarrassée de ce Dark Vador. Qu'il t'ait admiré ou non, tu ne sentais vraiment pas ce type. Ton petit ami de fortune procède à une révérence à ton égard. Tu l'aimes bien, celui-là. Il semble bien avoir compris à qui il avait à faire. Queen Scar avait encore réussi un coup de maitre. Pas seule, c'est vrai, mais deux coups du genre à la suite était chose rare. On pouvait vous décerner une médaille pour ça. Monsieur. Tu regardes ta place un petit instant avant de porter à nouveau ton regard sur lui. Bon eh bien, on dirait que la voie est libre pour notre film, chéri. Tu lui adresses un sourire amusé ainsi qu'un petit clin d’œil. Et avec tout ça, tu finis par te rendre compte que ni lui, ni toi ne vous êtes présentés l'un à l'autre. Tu ne connaissais pas son nom et ça serait vraiment dommage que ce moment se termine sans que tu ne saches comment il s'appelait. Au fait euh ... Moi, c'est Scarlett. Tu ne lui dis rien de plus. Queen Scar, ça sera pour plus tard si tu estimes que tu dois revendiquer une certaine supériorité. Pour le moment, il était ton acolyte, ton égal.

Elle joue le jeu, cette jolie rousse est vraiment une perle. Il lui présente alors son bras, comme le gentleman qu'il est, puis il réalise que pour avoir droit au tarif couple, ils doivent voir le même film, cette rencontre ne prendra donc pas fin aussitôt. Contre toute attente elle partage son nom, Scarlett, un prénom qui lui va très bien.

- Even, enchanté.

Puis il l'amène doucement vers la salle où leur film se déroule. Une fois à l'intérieur il opte pour des places au milieu et la dirige vers ces dernières. Puis leur étreinte se brise quand ils prennent place. Le film commencera dans quelques minutes ce qui leur laisse le temps de discuter un peu.

- Comment ça se fait que je ne t'ai jamais vue en ville ?

C'est vrai, une jolie rousse comme elle ne peut pas passer inaperçue, pourtant son visage lui est inconnu.

Tu te diriges en compagnie de ton compagnon de fortune. Vous vous installez et là, il soulève une question pour le moins intéressante. S'il était de Spring Hill, il est clair que vous auriez du vous rencontrer au moins une fois, vous croiser. Pourtant, tu n'avais encore jamais vu ses yeux se poser sur toi, tu n'avais encore jamais vu son visage avant aujourd'hui. Et il semblerait que ce soit réciproque. Vous étiez des inconnus l'un pour l'autre. Peut-être qu'on ne fréquente tout simplement pas les mêmes endroits ? Tu as déjà cette impression de te la jouer un peu trop Queen Scar, sans vraiment le vouloir. Cela sous-entendait que tu étais riche, lui pauvre. Pourtant ce n'était pas là la remarque que tu souhaitais faire. C'que je veux dire, c'est que je préfère sortir faire la fête, généralement. J'viens pas souvent au cinéma, je dois dire. Mais parfois, on y fait de bonnes et agréables rencontres ...

Even ne voit aucun mal en la réponse qu'elle lui offre mais elle prend quand même le soin d'expliquer ses dires, c'est prévenant et il apprécie ça.

- Et à l'inverse, je suis plus cinéma que fête.

Ceci explique cela.

- J'imagine que ça me donne une raison de plus pour changer mes habitudes.

Puis se rendre à des fêtes ne pourrait pas lui faire de mal, ça l'aiderait à sortir de la coquille dans laquelle il se réfugie.

- Je peux te demander ton numéro de téléphone ?

La question était mal-posée mais il était trop tard pour revenir en arrière. Puis pour une fois il osait demander le numéro d'une demoiselle, ça changeait.

Vous deux, vous étiez, en quelque sorte, deux êtres que tout oppose. Il semblai bien plus introverti que tu ne pouvais l'être. Vous ne fréquentiez pas le même genre d'endroits. Cela dit, le destin était parvenu à vous réunir. Pour une soirée au moins. Et puis, il te dit qu'au moins, ça lui donnerait de bonnes raisons de te rejoindre dans tes activités. Oui, sortir et faire la fête était sans doute ton activité préférée après toutes tes petites manigances auxquelles tu réfléchissais sans arrêt. Tu ne le regretterais pas, je pense ! A Spring Hill, y a quand même pas mal d'ambiance. Et le voilà qui te demande ton numéro. C'était pas le genre de truc que tu donnais à tout le monde. Mais si ça te permettait de le croiser ailleurs, tu ne disais pas non. Tu échanges alors ton numéro avec le sien. Ça me permettra de t'inviter à une petite fête quand j'en organiserai une ! Tu verras, tu n'en croiras pas tes yeux. Tu avais ce petit air enjoué à l'idée même qu'une fête, même fictive, serait donnée. Tes yeux pétillaient. Finalement, venir au cinéma n'était pas si inutile que ce que tu ne pensais au départ.

Elle accepte ! Il n'en fallut pas plus pour ravir le visage d'Even. Pour une fois, venir seul au cinéma lui avait profité. C'était la première fois que l'idée de se rendre à une fête l'intéressait au point où il était impatient à l'idée d'y être. Il aurait aimé continuer la conversation mais les lumières s’éteignirent, annonçant le début du film. Even offrit donc un dernier sourire à sa partenaire de crime avant de reporter son attention sur l'écran géant. Avec de la chance, ils donneraient suite à la conversation dans un bar où restaurant. Puis dans tous les cas Even avait son numéro, donc il pourrait peut-être l'appeler plus tard voire échanger quelques messages avec elle.

Autant le dire, cette sortie en solitaire au cinéma avait été forte en surprises. Et puis, Even avait vraiment l'air d'un gars bien. Tu ferais en sorte de ne pas faire ta peste avec lui. Tu dis bien faire en sorte parce que finalement, t'es pas certaine de pouvoir tenir parole. Les lumières se tamisent et l'écran s'illumine. Tu lance un petit sourire à ton compagnon de fortune et tu t’apprêtes à plonger ta main dans le pop-corn et de regarder ce film que tu aurais pu manquer de peu à cause de la file interminable du départ. Une chose est certaine, c'était sans doute une des premières fois que l'on ne te regardait pas de travers. Parce que tout le monde savait que tu n'étais pas une fille facile à vivre. Là, tu te sentais regardée différemment. Lui, tu l'inviterais sûrement pour une petite soirée organisée par tes soins.

Puis vint les crédits. Les lumières se rallumèrent et le public commença déjà à s'en aller. Even regarda sa partenaire de fortune en souriant, s'il souhaitait l'inviter quelque-part c'était maintenant ou jamais.

- Ça te dirait d'aller manger un bout ? J'connais un endroit sympa à l'Ocean Avenue, un piano bar.

Ce qu'il aimait particulièrement à propos de cet endroit c'était son piano, un vrai plaisir pour les oreilles. Il avait l'habitude de s'y rendre pour jouer des morceaux et charmer les clients. Avec de la chance peut-être que ce même charme pourrait fonctionner sur la jolie rousse.

Les crédits font leur venue et toi, tu attends toujours que tout le monde ou presque ait quitté la salle pour laisser ta place, à ton tour. Tu regardes alors tes messages le temps que tout le monde sorte. Ton partenaire de fortune semblait en faire autant. Et puis, une invitation de sa part te fit quitter des yeux ton écran de téléphone. Oui, pourquoi pas. Même si je dois dire que j'ai déjà le ventre bien remplis avec ces pop-corn. Tu laisses échapper un petit rire amusé. Sans la réduction et tout le tralala, tu ne sais même pas si tu en aurais pris. Tu empoignes alors ton sac à main et tu te mets en tête de le suivre. Après tout, tu pouvais bien te comporter en personne tout à fait charmante au moins une fois dans ta vie. Tu es venus ici comment ? Parce qu'on peut prendre ma voiture, si tu préfères. Et finalement, vous voilà en route pour aller manger un bout tous les deux. Qui aurait pu croire ça ? La caissière du cinéma, sans doute.