- lost in the fire (mikey).

Tu es assise sur le canapé gris clair du salon de ton petit studio se trouvant en zone commerciale, devant la télévision et ses émissions plus nulles les unes que les autres qui ne semblent pas t'intéresser plus que cela, contrairement à ce briquet simple et jaune que tu tiens dans ta main droite, et avec lequel tu joues depuis une bonne dizaine de minutes déjà, alors que tu pourrais faire un tas d'autres choses bien plus attrayantes. Tu te décides enfin à te lever et à faire quelque chose de ta vie, comme bousiller tes poumons, par exemple, en te dirigeant finalement sur le balcon afin de fumer une cigarette, sous la lueur de la lune et des premières étoiles. Tu écrases ensuite ton mégot sur le mur blanc de l'immeuble, puis tu le jettes non pas dans un endroit approprié, mais par-dessus la rambarde de la plate-forme, évitant d'ailleurs chaque jour à toi et à ta maladresse de tomber dans le vide mortel, ou plus précisément sur le trottoir.

Après avoir enfilé des baskets noirs et d'être allé chercher une veste ainsi que des écouteurs dans ta chambre, tu claques la porte derrière toi sans même fermer celle de l'entrée à clef et tu descends les marches une à une du bâtiment dans lequel tu te trouves actuellement afin d'en sortir et d'attraper ton vélo pour ensuite l'enfourcher et commencer à rouler dans les ruelles plus ou moins éclairées de ton quartier par de banals lampadaires, la musique dans les oreilles. Tes cheveux volent au gré du vent tandis que tu commences à être fatigué de rouler si vite depuis environ vingt minutes maintenant, alors tu décrètes qu'il est temps de faire une pause, et sur ces entrefaites, tu descends de ton vélo, posant ce dernier contre une vieille barrière en bois.

Tu fais un petit tour dans cette zone industrielle à l'air dit pollué qui ne te dérange pas le moindre du monde, mais tu ne trouves rien d'intéressant dans le coin, alors tu penses rentrer chez toi, jusqu'au moment où tu tombes sur une déchetterie, un endroit que peu de personnes apprécient, mais que toi, tu idéalises et adores, surtout pour faire flamber de futiles meubles en bois. Tu t’engouffres dans cet endroit qui semble être resté coincé dans le passé, tes mains étant cachées dans les poches de ta veste, et tu trouves au loin une armoire très peu moderne. Tu l'ouvres tout d'abord, vérifiant qu'il n'y a rien d'intéressant à l'intérieur, sait-on jamais, puis tu attrapes ton si précieux briquet se trouvant dans les poches de ton jean bleu, troué aux niveaux des genoux, évidemment, et mets le feu à ce meuble sans réfléchir ni penser aux conséquences de cet acte inconscient, étant désormais obnubilé et immobile, complètement hypnotisée par le feu brûlant le bois, ce dernier devenant noir charbon petit à petit et disparaissant toujours un peu plus, seconde après seconde, ainsi que par la fumée grise qui se produit, et le temps semble alors s'être figé.