Before the party [TC ouvert]

Thaddeus avait bu un de ces cocktails ou peut être deux. Il se détourna du gars à la caméra et du roux qui se prenait pour un donneur de leçons. Il ne savait pas pourquoi il était là. Parce que franchement, il n'y avait pas sa place. Quand il but la dernière goutte de sa boisson, Thaddeus se sentit tout drôle, ailleurs, oui, c'était ça il était ailleurs. Il se revit dans le grenier et il avait l'impression qu'il devenait fou de nouveau. Il sortit son couteau et commença à chercher à se défendre.

Thaddeus vit alors son frère au loin. Il n'était pas bien. Il se mit à courir en direction de Nigel et il abaissa son couteau. Son frère n'était pas une menace. La vue du corps le glaça. Il prit son frère par la main même s'il cherchait à fuir sa famille pour pas qu'on le retrouve.

"Nigel! Viens vite..."

Il était blanc, livide et son visage reflétait la peur. Il était terrorisé. Il s'accrocha à son frère comme s'il était la dernière bouffée d'oxygène restante. Il reprit:

"Allez viens on se casse... on va se faire buter!"

Il avait la nausée et la tête lui tournait mais sauver la vie de son frère était plus important.

Je m'étais retrouvé nez à nez avec le corps inerte du maire. J'avais ce frisson qui m'a traversé le corps. Pendant un instant, je suis resté tétanisé, planqué au sol. Je l'ai regardé, je ne faisais que ça. Deux mains se posèrent sur mes épaules pour me tirer hors de ma torpeur. Je suis ramené sur mes pieds, mais mes yeux restent rivé sur ce corps en sang. J'étais blanc comme un drap. J'entendais à peine la voix de l'homme qui se trouvait près de moi. J'ai tendu le bras vers lui ne tenant pas sur mes jambes. Je me suis appuyé contre lui me disant que je devrais foutre le camp. J'avais des frissons interminables. Les hurlements ne me font rien. Un simple contact a réussi à me ramener à la réalité Une main agrippant la mienne. J'ai tourné la tête d'un mouvement rapide, trop rapide. « Thadd? » Un sourire bête s'installe sur mon visage comme si j'en oubliais ce que j'avais vu. Je me sens tiré vers lui et j'arrive de peine et de misère à le suivre. J'ai la tête qui tourne. Je m'accroche à lui, j'ai la main resserré contre ses vêtements. « Putain que je suis content de te voir. » J'arrive à peine à marcher, je m'accroche à lui comme si c'était la dernière fois que j'allais pouvoir le voir. Je fais quelques pas et je perds l'équilibre. Mais combien de verres est-ce que j'ai prit et qu'est-ce qu'ils avaient bien pu mettre dedans. Je prend appuie sur mon frère et je m'arrête, je n'arrive pas à tenir debout. Je me plis en deux, je ne vous plis claire. « Thadd... Ça va pas du tout... J'y arrive pas. J'arrive plus à avancer. » Mes yeux se ferment, je secoue la tête.

Dire que j'ai été traîné de force à cette soirée, cela serait quand même un peu exagéré. Quoi que en y réfléchissant bien, c'est quand même un petit peu l'idée. Le chef de la police locale m'a quasiment mis le couteau sous la gorge pour que je vienne. Selon lui, le maire en personne aurait exigé que je sois présent. Je suis plus que sceptique. Qui souhaite-t-il convié à cette soirée, le médecin légiste ou l'auteur à succès ? A mon avis, avec les élections qui arrivent à grand pas, il cherche à se faire mousser en prouvant qu'il connaît des personnalités du monde littéraire. J'ai horreur de me sentir utilisé et manipulé. Ceci dit, cette réception est l'occasion parfaite pour que je lève le pied et que je décroche un peu avec le boulot. Qui sait, peut-être que cela sera pour moi l'occasion de rencontrer de nouvelles têtes ? Des têtes vivantes, qui plus est. J'espère seulement qu'il s'agira d'une soirée en petit comité et qu'il n'y aura pas beaucoup de monde. J'arrive sur la plage aux alentours de dix-neuf heures trente. Pour l'occasion, j'ai décidé d'étrenner mon nouveau costume Prada. Un petit plaisir coupable que je me suis offert il y a quelques semaines de cela. Il y a déjà beaucoup de monde. De tout âges et de tout niveaux socials. Les bourges des beaux quartiers me regardent avec un grand sourire aux lèvres, tout en faisant des messes basses entre eux. Si la situation l'aurait permis, ils m'auraient déjà sauté sur le poil pour que je leur dédicace un exemplaire de "The Ice Bullet" : mon tout dernier roman. Il y a également des gens nettement plus méfiants à mon égard, et qui me lancent des regards noirs. Sans doute se rappellent-ils de mon tout premier livre. Il faut dire que les ressemblances avec ce que l'on sait pour l'heure de ce fameux inconnu, sont plus que frappantes. Toutes ces œillades à la dérobées lourdes de sens me mettent mal à l'aise. J'ai l'impression d'être l’ennemi public numéro un. Un tour du côté des rafraichissements me fera le plus grand bi ... Oh non, l'horreur ! Chad. Mon ex. Mais qu'est-ce qu'il fout ici ?! Merde, il m'a vu. Courage, fuyons ! J'ai beau pressé le pas dans le but de quitter la fourmilière humaine agglutiné près du buffet, rien n'y fait. Chad me rejoint quelques mètres plus loin près du rivage, deux gobelets rouges dans les mains. Il m'en offre un que je finis par accepter dans un soupir d'agacement. A en juger par son débit de parole incertain, il m'a l'air d'être déjà bien éméché. Monsieur le Lieutenant de la police de Booksville n'a de cesse de rabâcher nos trois années passées ensemble. J'ai beau tenté de le remettre à sa place avec une répartie cinglante, c'est peine perdue. Il est intarissable de parole. Résigné, je lève les yeux au ciel tout en portant le gobelet à ma bouche.

Alors que je m'apprêtais à siroter une petit gorgée, j'eus un vif mouvement de recul. Cette odeur ... on dirait du chlorure de potassium. Mais qu'est-ce qui lui arrive à celui là ? Quand as-tu cru que tu pouvais tomber dans mes bras, et prendre tes désirs pour des réalités !? "Whoo, mais qu'est-ce qui te prend Chad ! Chad ? Hé ho, tu m'entends ? Oh génial ... ! Il ne manquait plus que ça.". Pfff, un tout nouveau costume bon à mettre à la poubelle. Quel con ! Je ne regrette pas de l'avoir quitté. Ivre mort alors qu'il n'est même pas 20 heures. Il faut le faire quand même ! De son côté, le maire est entrain de commencer son discours. Bon allonge toi le bad cop, ça va passer. Par acquis de conscience, je vérifie tout de même son pouls ainsi que sa respiration. Tout est ok. Par sécurité, je vais quand même le mettre en PLS et dégager ses voies respiratoires. Dit donc, les gens semblent s'agiter là bas. J'ignore ce que le maire peut bien leur raconter mais en tout ça n'a pas l'air de ... . C'était quoi ce bruit ?! On aurait dit un coup de feu. Par réflexe, je me couche à plat ventre sur le sable et me protège l'arrière du crâne à l'aide des bras. Près du pupitre où le maire faisait son allocutions, c'est la panique. Les invités hurlent et tentent de fuir dans la confusion la plus totale. Je suis le seul allant à contre courant du flux humain quittant la plage. Qu'est-ce qu'il s'est passé ici ? Pourquoi tout ces jeunes sont évanouis sur le sable ? Est ce que ... est-ce que cela à un lien avec ces étranges cocktails sentant le chlorure de potassium ? Oh non ! Le maire gît dans une marre de sang. Ca recommence. C'est exactement comme je l'ai écrit dans mon dernier livre : "The Ice Bullet". Lorsque le sénateur de Washington est abattu lors d'un meeting. Faisant fi du danger, je me rue vers l'homme étendu sur le sol. Je suis la procédure et commence par prendre son pouls, mais vu la quantité de sang dans laquelle il baigne, il est évidant qu'il n'y a plus rien à faire pour lui. Je sors de la poche intérieure de ma veste mon téléphone et compose le numéro d'Alison : mon interne. "Alison ? Tu es toujours à la morgue ? Il faut absolument que tu viennes au plus vite sur la plage de Hernando Beach. On a assassiné le maire.". Ma petite protégée garde son calme et me certifie qu'elle se met immédiatement en route. Est-ce que par hasard j'aurais ... Génial, des gants en latex. Je vais pouvoir procéder aux premières constatations. Navré Monsieur le Maire, mais je vais devoir déboutonner votre chemise afin d'observer de plus près cette blessure par balle à la poitrine. A peine ai-je eu le temps de dénouer la cravate du défunt, qu'une voix rauque et agressive me demanda ce que je faisais. Surpris, je sursaute avant de me tourner vers mon mystérieux interlocuteur.  

Tu vois ton frère des yeux. Il s'approchait de toi avant de calmer deux foutus gamins qui se battaient. Franchement, il y avait des p'tits cons partout. Avec toute cette foule autours de toi, tu perdis ton frère des yeux. Pourtant, tu jures être restée immobile. Cela dit, tu n'avais pas à te plaindre, te voilà en la charmante compagnie de Ryan. Presque certain ? Très marrant, vraiment. Tu le regardes, un petit air amusé. Tu savais ce que ça cachait finalement, cette réflexion. Ne t'en fais pas, je changerai de tenue pour l'autre soirée. Je n'allais tout de même pas abîmer ma magnifique robe rouge avec tout ce sable et l'eau de mer ! Il te demande comment ça va et là, tu as cette impression que tout tourne autours de toi. Tu ne comprends plus exactement ce qu'il se passe et il est difficile de faire le tri dans tes pensées. Ryan ... J'me sens vraiment bizarre, là. Le Maire avait entamé son discours, mais là, tu avais un problème de taille sur les bras, plus rien autours de toi n'avait l'air normal. Tu n'avais bu qu'un cocktail, tu ne pouvais bien entendu pas être saoule. Je ... tout tourne autours de moi. J'suis pas bien, ça ... Des cris se sont faits entendre accompagnés d'un bruit sourd. Tout le monde courait dans tous les sens, comme si on venait d'attaquer une fourmilière. Des centaines de petites fourmis grouillaient sur la plage. Ta voiture n'était pas tout près alors, inutile pour toi d'espérer y accéder maintenant. Tu te trouves comme tétanisée, tu cherches ton frère du regard malgré les petites hallucinations dû à la boisson ou plus précisément à ce qu'il devait y avoir dedans. Ce n'était pas avec un verre que tu pouvais te retrouver dans un tel état. Tu ne vois pas Minty et finalement, tu te retrouves poussée par le flot de gens qui cherchent à fuir. Cela dit, tu finis par quitter le troupeau et tu te retrouves assise sur la plage tenant ta tête entre tes mains. T'étais carrément à l'ouest, rien de tout cela n'aurait du se passer. Spring Hill venait de vivre un tout nouveau drame, ce soir.

Alors qu'il était avec son frère, Thaddeus entendit des voix. Encore ces mêmes voix qui lui parlaient. Il resta aux côtés de son frère lorsqu'il vit l'autre garçon, plus vieux. Il ne pouvait pas le laisser là, comme ça. Thaddeus tenta tant bien que mal de retourner sur ses pas et il attrapa la main du garçon. Les voix lui disaient de le sauver lui aussi, que les autres ne le méritaient pas. Il vit un homme s'occuper du cadavre et Thaddeus trembla légèrement. Il se sentait fasciné par ce cadavre. Mais il tira le garçon vers son frère et il grogna:

"Dépêche toi toi aussi... sinon ça va mal finir...."

Il ne savait pas pourquoi il sauvait ses gens, il ne savait même pas ce qu'il se passait réellement. Mais ces voix le guidait. Elles étaient rassurantes. Mais s'il avait bien un chose qu'il aurait voulu, c'était voir son père à la place de ce cadavre. Ça aurait été la parfaite vengeance pour avoir été enfermé.

L'instant d'avant, je fixais un gamin armé d'un couteau et l'instant suivant, les gens tombaient comme des mouches. Les sourcils froncé je suis resté un peu bête faisant quelques pas vers le maire avant qu'un coup de feu retentit. Je connais ce son, je n'ai pas besoin de me faire des idées. J'ai vu le maire s'effondrer devant moi. J'ai fermé les yeux au moment où le sang de ce dernier m'éclabousse en plein visage. Un grognement et j'ai prit conscience que tout le monde autour criait. J'étais calme trop calme. Le corps du maire au sol, je l'ai fixé me faisant bousculer d'un côté et puis de l'autre. C'était quoi cette merde. Un homme accours près du maire ce qui me sort de ma tête un moment. J'ai fait un pas de reculons et puis deux avant de tourner les talons. Je m'éloigne à travers la foule avant de me faire percuter un peu trop fort. Je me retrouve au sol. Dans un grognement, je me cogne la tête la tête au sol et j'ai comme une illumination. Je me redresse en vitesse et balai la plage du regard. J'ai le coeur qui me débat puis je reconnais sa longue tignasse rousse à l'écart de tous. Je pars au pas de course foutant un gamin au sol. Je rejoins ma soeur et me lance à genoux devant elle. « Scar... Scarlett, regardes-moi. » Je prend son visage entre mes mains, inquiet.

Non, mais j'avais mon petit frère à côté de moi, il était là. J'étais fou de joie, mais perturbé à la fois. Ma tête tournait, je voyais flou, même très flou. Je m'étais accroché à lui histoire de ne pas perdre l'équilibre, mais mes jambes ont décidé d'arrêter de bouger. J'avais l'impression que je m'enfonçais dans le sol. Je n'étais pas stable du tout, puis mon frère s'est éloigné. J'ai tenté de rester accrocher à lui, mais mon bras est aller dans le vide. Je l'ai raté. J'ai regardé autour de moi, tout bougeait trop vite pour moi. Un frisson m'a parcouru le dos et mes yeux se sont posés sur le corps du maire au sol. J'ai eut la nausée qui m'a prit. J'ai porté ma main à mon torse et je me suis courbé vers l'avant. Mes yeux se fermèrent seuls à nouveau. « Thadd... » Ma voix était faible. Mais putain, il avait quoi dans ces cocktails, j'aurais du en boire moins, j'aurais du ne pas en boire tout simplement. Je cherche mon frère des yeux, je ne le vois plus je me fais percuter d'un côté et puis de l'autre avant qu'un grand roux couvert de sang me percute de plein fouet. Je n'ai pas le temps de réagir que je me heurte à quelqu'un d'autre avant de tomber brusquement au sol. Je grimace, cette chute fut de trop, j'ai mal. Je laisse mon visage contre le sable et je ferme les yeux en soupirant. Je voulais rentrer à la maison, rejoindre Ace et Kylian, faire comme si rien de tout ça ne c'était passé. Je ne m'étais pas rendu compte que mes vêtements avaient des traces de sang à cause de ce rouquin. On pourrait croire que c'est le mien.

C'est quand même la meilleure du monde celle là. J'essaye de faire mon travail et je me fais engueuler. Vu la carrure de footballeur américain de l'homme qui m'invective, j'en déduis qu'il était sensé assurer la sécurité du Maire. Hum, bel effort, mais visiblement peut mieux faire. Je sais bien que la situation est critique, mais est-ce une raison pour m'aboyer dessus et ne pas me laisser en placer une ? Moi qui pensais que ces gorilles en costard de location version Men in Black étaient tenus de garder leur self contrôle en toutes circonstances, force est de constater que je me suis trompé. Pardon ? Soit j'ai mal entendu, soit je viens d'être victime d'un mirage sonore. « Incompétent », « Négligeant », « Pas habilité ». Oh là, la coupe est pleine. Hors de question que je laisse passer ça. « Docteur Andrew Kwon. Chef Coroner du Comté d'Hernando. Cela vous suffit comme référence, ou est-ce qu'il vous faut un Curiculum Vitae en deux exemplaires ?! Je peux bosser maintenant ? ».. Le garde du corps de feu Monsieur le Maire me foudroie du regard. Si ses iris sombres auraient pu lancer des éclairs, ils m'auraient à coup sûr transpercé de part en part. Bien tenté mon pote, mais le regard de brute épaisse ça ne prend pas avec moi. Il finit par faire un pas en arrière et donne un coup de tête en direction de la dépouille de son patron. Sûrement sa façon à lui de me signifier que je peux me remettre à l'ouvrage. Ce que je fais sans plus attendre. J'ai horreur de cela. Quand l'on me surveille et que l'on tente de regarder par dessus mon épaule. Tout en déboutonnant la chemise de l'élu de Spring Hill, je tente de faire abstraction du regard de fouine que je sens dans mon dos. Whaa chemise Azarro en coton d’Égypte. Monsieur le Maire était un homme de goût. Haaa dommage … c'est toujours eux qui partent les premiers. Bon voyons cette blessure d'un peu plus près. La plaie en forme d'étoile indique clairement qu'il s'agit d'un coup de feu.

La balle a certainement dû transpercer la veine cave supérieure avant de sectionner net l'aorte. D'où l'importante quantité de sang. Il n'avait absolument aucune chance de s'en sortir. Pas de doute, c'est du travail de pro. Il y a bien des chances que le tueur n'en soit pas à son coup d'essai. Tiens, c'est curieux ça. Il n'y a aucune trace de brûlure sur les bords de la plaie. « Oh non … . ». Cela signifie que l'on n'a pas tirer sur le Maire avec des munitions traditionnelles. La balistique ne pourra pas remonter jusqu'au tueur. Dans mon tout dernier livre, l'assassin du Sénateur de l'état de Washington utilise des balles de glaces qu'il confectionne lui-même. Le concept est parfait, étant donné que le projectile se désintègre quasiment instantanément après avoir atteint sa cible. Il est encore trop tôt pour que je puisse l'affirmer avec certitude, mais j'espère que le tireur ne s'est pas inspiré de ce que j'ai pu écrire. Je ne peux guère faire plus pour le moment. Alison ne devrait plus tarder à arriver avec tout le matériel qu'il me manque. Si j'arrive à identifier ce que l'on a mit dans ces cocktails, je pourrais peut-être aider les personnes présentes. Il doit y avoir autre chose en plus du chlorure de potassium. Les symptômes des gens qui sont au plus mal ne concordent pas avec une intoxication au KCl. A mon avis, le potassium a dû décupler les effets d'une toxine bien plus néfaste. Mais laquelle ? En l'absence de spectromètre, je vais devoir y aller à l'ancienne et me fier à mon odorat ainsi qu'à mon goût. Je ramasse un gobelet abandonné à quelques mètres seulement du Maire. J'en renifle le fond. Rien en dehors de l'alcool, des fruits et du chlorure de potassium. Tant pis, je me risque à goûter. A l'aide de mon index, je racle le fond du gobelet et porte l’extrémité de mon doigt sur ma langue. Oui, il y a bien autre chose. Après avoir refait ce geste une seconde fois, je m'écrie avec effroi : « De la Kétamine ! »                

Toi, t'avais pas envie de te pointer à cette foutue fête. Du moins, pas pour les mêmes motivations que le reste de la ville. Les cocktails gratuits pleins de fruits, c'était pas ton truc. Les soirées où il faut se présenter sur son trente-et un non plus. Non, si tu étais là, c'était parce que tu devais fournir une arme à un client. Un petit con, sans aucun doute. Il t'avait demandé de lui dégoter un Colt Python. Quel imbécile, tu savais très bien rien qu'à voir sa tête qu'il n'allait pas la laisser dans une vitrine, celle-là. Pourtant, il aurait tord de de s'en servir de de tirer ne serait-ce qu'une seule munition. Tu te pointes donc plus tard que prévu. Tu préférais attendre que le monde arrive plutôt que de te faire repérer direct. Tu n'avais pas encore les pieds dans le sable que tu voyais devant toi des silhouettes s'agiter. Une petite blondinette se trouvait non loin de toi, effrayée par le spectacle se déroulant devant ses yeux. Quoi qu'il se soit passé ou qu'il se passe encore, tu aurais payé cher pour y assister et voir le tout de plus près. En scrutant l'horizon, tu vis finalement quelqu'un à terre. Tu venais de comprendre. Un petit rire nerveux sortir de ta bouche et, le sourire au lèvres, tu ne pus t'empêcher de te diriger vers le lieux du drame, le revolver coincé à l'arrière, canon dans le jeans et complètement fondu dans la masse grâce à ta veste en cuir. Peut-être que tu croiserais ce petit con qui t'a réclamé cette arme. Dans le cas contraire, tu la garderais pour toi, celle-là. On n'en fait plus des petits bijoux comme ça ! Tu t'approches d'un homme un peu spécial, penché sur ce qu'il s'avérait être Monsieur le Maire. Triste nouvelle, sans doute. Maire ou pas, ça ne changeait pas grand chose à ta vie. Excusez-moi. Je venais à la petite fête et euh ... je ne comprends pas. Que s'est-il passé ? Avec tes petits soucis de personnalité, comme diraient certains, tu étais finalement passée maître dans l'art de faire le caméléon. Et c'est tout naturellement que tu pris un air paniqué face à ... un médecin bien bizarre. Cela dit, tu ne comprends pas toujours les gens. C'est pour ça que tu restes aussi loin que possible de tous ces bons à rien d'habitants de Spring Hill.

Je dois bien reconnaître que c'est brillant. Sincèrement, il fallait y penser. La Kétamine est une drogue de la famille du GHB, que l'on appelle familièrement la drogue du violeur. Couplé avec du chlorure de potassium, elle provoque des hallucinations auditives et parfois même visuelles, si le sujet a ingéré une forte dose. La bonne nouvelle, si tant est que cela en soit une, c'est que la vie de toutes ces personnes n'est pas en danger. Les effets de la drogue devraient se dissiper d'ici quelques heures. Le hic en revanche, c'est qu'ils ne se rappelleront d'aucun détail de cette soirée demain à leur réveil. Autrement dit, la police n'aura absolument aucun témoin à interroger. Merde ! Celui qui a fait ça, a oublié d'être stupide en tout cas. Peut-être que le tueur n'était pas seul finalement ? Rien ne nous prouve que la personne ayant abattu le Maire et celle ayant trafiqué les cocktails soit la même. Des complices ? C'est fort probable, mais il est encore trop tôt pour l'affirmer. Oh j'allais oublié. Après m'être de nouveau accroupi au dessus du cadavre du maire, je fais rouler ce dernier sur le flanc tout en tirant légèrement sur sa chemise, afin d'examiner le haut du dos. Le point de sortie est identique au point d'entrée et ne présente ni traces de poudre ou de brûlure. C'est impossible. Il n'y a pourtant eu qu'un seul coup de tirer. Quelle arme peut bien causer de telles lésions ? Je n'ai pas le temps d'y réfléchir. Une voix féminine quelque peu chevrotante et hésitante me demande ce qui a bien pu se passer. Après avoir replacé le cadavre sur le dos, et remit convenablement sa chemise, je me relève afin de faire face à cette jeune femme blonde d'une petite trentaine d'années. Enfin, à vu de nez. Oh merde, j'ai du sang plein mon costume, cette fois c'est sûr, il est bon à brûler ! « Homicide. Quelqu'un à tiré sur le Maire alors qu'il entamait son discours. Le malheureux n'a vraiment pas eu de chance. Le projectile est passé juste entre les côtes, avant de transpercer les principales artères cardiaques ainsi que l'Aorte. La mort a dû être quasiment instantanée. ».

Je ne sais trop quoi penser de la réaction de cette jeune femme. Il est clair qu'elle a l'air effrayée et horrifiée, mais … je ne sais pas trop. J'ai l'impression qu'elle feint et surjoue un peu. Son regard fait la navette de moi à la victime. Elle essaye d’ânonner quelque chose en désignant du doigt le corps, mais aucun son ne franchit ses lèvres. En reportant mon attention sur le défunt, je pense avoir compris ce qui tétanise tant cette bonde aux yeux éloquents. Il est mort les yeux ouverts. D'ordinaire, cela ne me fait rien mais je reconnais que cette fois ci, la terreur qu'on lit dans ses prunelles est vraiment incommodante. Je m’accroupis de nouveau afin de clore les paupières du Maire. D'un ton qui semble toujours autant affolé, la femme habillée plutôt sobrement comparé aux autres invités, me demande ce qui est arrivé à ses derniers pour qu'ils soient dans un état comateux sur le sable. Je désigne la table du buffet complètement renversée, et entourée de nombreux gobelets renversés et écrasés. « Quelqu'un a mis un dérivé du GHB dans les cocktails. Dieu merci, la vie de ceux et celles qui en ont bu n'est pas en danger. Dès que les effets de la drogue se seront dissipés à leur réveil, ils n'auront plus aucun souvenir de cette soirée. Avec un peu de chance, certains recouvreront la mémoire. Parfois cela prend seulement quelques jours, dans d'autres cas les souvenirs resurgissent des années plus tard. Tout dépend des personnes. ». Mon interlocutrice semble abasourdi. J'ignore si cela vient de ce que je lui ai dit, ou de la façon extrêmement calme et détachée avec laquelle je l'ai fait. On entend au loin un concert de sirènes. Alison a certainement eu le bon réflexe d'alerter la police avant de quitter la morgue. Quelques minutes plus tard, une ribambelle de voitures aux gyrophares clignotants et tournoyants, se gare en bord de sable.

Ah, je reconnais la camionnette de la morgue qui ferme la marche. Les flics ne tardent pas à envahir les lieux. La panique qui habitait mon interlocutrice se transforma en … une sorte de stress et d'anxiété à la vue de tout ces policiers. Vraiment étrange. Le chef du commissariat  de la ville me salue sobrement en y mettant les formes. Il ajoute que c'est une chance que je sois là. Ce qui est plutôt ironique étant donné que mes « patients » ont tout sauf de la chance. Je lui raconte en détail tout ce qu'il s'est passé. Il finit par pousser un profond soupir lorsqu'il comprend qu'il n'y a donc aucun témoin. Il prend congé de moi et demande à ses hommes de s'occuper en priorité des invités étendus par terre. Alison arrive à son tour. Mallette dans une main, et sac mortuaire dans l'autre. Nous nous accroupissons tout deux auprès du gisant du Maire. Étant donné qu'Alison est mon interne et que je suis sensé la former, je lui demande ce qu'elle observe. Elle me fait part à haute voix de ses constations ainsi que de ses déductions qui corroborent en tout point avec celles que j'ai réalisé précédemment. « Excellent Mademoiselle Raynes. Je vous laisse effectuer les prélèvements au niveau de la blessure et sous ses ongles. De mon côté, je vais recueillir un échantillon de sang afin que l'on ait au plus vite un bilan toxicologique et sanguin complet. On l'autopsiera dès que la police se sera officiellement saisi de l'enquête. ». Mon interne me remercie avec toute la retenue que je lui connais et s'empresse de faire ce que je lui ai demandé. Je dirais que l'on barbote dans au moins trois ou quarte litres de sang. Il doit en rester suffisamment dans les veines pour que je fasse mes prélèvements. Après avoir farfouiller dans la mallette d'Alison, j'en ressors une seringue reliée à deux tubes en plastiques. Une fois la veine de l'avant-bras piquée et le piston de la seringue tiré, les petits tubes ne tardent pas à se remplir d'hémoglobine. Quelque chose attire mon attention. Le sang du Maire semble étrangement épais. Je ne serais pas étonné que le résultats des analyses nous apprennent qu'il était sous anti-coagulants. Ainsi donc il était malade. Toute cette histoire devient de plus en plus étrange.