Responsable. De tout ce qu’on t’a dit, c’est ce mot qui t’as le plus frappé. Ton cœur s’est serré et il y a ton intestin qui est noué. Tu n’as jamais été responsable et tu ne le seras sans doute jamais : incapable de rester dans une ville plus de deux ans, incapable de te caser dans une relation sérieuse, incapable même de te conduire en véritablement grande sœur. Non, tu n’as rien de responsable, t’as jamais réussi à l’être. La seule fois où tu t’es approchée d’un comportement responsable, ton karma t’as récompensé en te faisant perdre le petit être qui grandissait en toi. « C’est gentil. Mais, tu sais, c’est une question d’habitude. » Tu finis par répondre à la jolie Jun en essayant de ne pas paraître déstabilisée. « J’ai commencé à 16 ans, alors forcément j’ai l’habitude. Il suffit juste de se lancer et ça se fait tout seul ! Le plus important, c’est le culot ! »
Tu n’as même pas le temps de répondre à Andy qu’il doit disparaître pour le boulot. Tu ne pourrais pas être à sa place. Tu serais toujours en train de râler. Les boulots qui demandent autant de temps, ce n’est pas fait pour toi. « Bon courage », tu lances poliment pendant qu’il s’en va. « A une prochaine peut-être ! » mais t’as plutôt l’impression que ça sonne comme un ‘A jamais !’. Tu souries amusée à Junneau quand elle souligne que vous vous retrouvez entre fille. « Ça va nous permettre de parler de trucs de fille, c’est cool ! » Tu prends une gorgée de ta boisson avant de rouler des épaules. « Mais t’inquiètes, je ne te ferais pas parler de tes premières règles. » Tu lâches un rire avant de finalement te dire qu’il n’y a que toi qui doit trouver ça drôle. « T’as le droit de pas m’en parler, mais j’aime bien connaître la vie sentimentale des gens avec qui je parle ! Alors du coup, Junneau, t’as quelqu’un dans ta vie ? » Avec une bouille aussi adorable, c’est bien obligé, elle doit même avoir plusieurs hommes à ses pieds, ça tu n’étonnerais pas. Peut-être même que si t’étais lesbienne tu l’aurais draguée. Mais t’aime trop les hommes pour ça. Tu fais signe au serveur de loin pour le prévenir qu’Andy vous a quitté et donc qu’il peut quand même venir prendre commande de vos plats mais vu comment il te semble débordé tu supposes qu’il vous faudra être patiente avant de pouvoir manger. Heureusement que vous ne mourrez pas de faim. Vous auriez sans doute eu le temps de mourir de famine trois fois avant qu’on prenne votre commande. Tu t’adosses confortablement dans ta chaise et tu portes toute ton attention sur la châtain. Finalement ouais, ce repas sera pas aussi pourri que ça à quoi tu aurais pu t’attendre en ayant la déception de ne pas être seule.
lle laissa échapper un rire franc. Jun ne risquait pas de s’ennuyer avec Lexa, c’était sûr. Et puis, même si Andy semblait d’être de bonne compagnie et qu’il lui avait refilé un sacré tuyau, il fallait dire la vérité, elle se sentait plus à l’aise en compagnie d’une fille d’environ son âge. C’était plus rassurant et plus facile pour discuter, surtout dans la situation dans laquelle elles se retrouvaient. D’ailleurs, ne devraient-elles pas goûter aux spécialités du restaurant et aux nouveautés ? Bientôt sûrement ! En attendant, elles reprirent une conversation totalement de filles. Répondre à cette question ne la dérangeait pas, surtout qu’il n’y avait rien à dire de ce côté-là. En tout cas pour elle.
« Absolument personne. Célibataire depuis quelques temps. Avec une fratrie comme la mienne les petits-amis ne durent pas bien longtemps. Aucun ne leur a résisté ou plût » précisa-t-elle en gardant un sourire amusé, car au fond elle ne leur en voulait pas du tout. Ils la protégeaient et, depuis peu, elle savait qu’elle en avait besoin. « Je suis libre comme l’air ! Et toi alors ? Tu as trouvé quelqu’un ou des vues sur quelqu’un depuis ton arrivée peut-être ?»
C’est à ce moment que le serveur passa à leur table pour leur donner des menus et choisir ce qu’elle souhaitait prendre. Un repas gratuit… Elles pouvaient commander absolument tout ce qu’elle voulait déguster et ça serait gratuit. Franchement, si ce n’était pas le bonheur ça ! Du coup, tout en discutant, Jun jetait un œil sur la carte à la recherche de nouveautés à tester avant de décider avec Lexa.
« Il y a tellement de choix quand tout est gratuit, on a envie de tout goûter ! »
Tu te dis que peut-être qu’après ce repas faudrait que t’essayes de prendre le numéro de Junneau pour que vous puissiez vous revoir un de ces quatre. Pourquoi pas ? Elle a l’air adorable et tu ne connais pas beaucoup de monde en ville. « Une fille aussi mignonne que toi ? » Tu t’exclames presque choquée. « On dirait ma petite Spenny. Elle pourrait avoir tous les garçons de Spring Hills à ses pieds mais elle n’a toujours personne en vue pourtant je t’assure que je ne ferais pas peur à ses petits copains. » Tu laisses échapper un rire et t’attrapes finalement un bout de bain dans la corbeille qui se trouve au milieu de votre table. « Il parait que je suis un vrai cupidon, si tu veux, je pourrais te trouver l’âme sœur ? » T’as beau essayé pour Spencer, elle envoie toujours bouler tes vaines tentatives. « Oh moi, tu sais, je ne suis pas faite pour me poser… On va dire que j’avais trouvé un ‘faux petit copain’ mais ça fait quelque temps que je ne l’ai pas vu et ça m’inquiète un peu. » Au moment où la carte vous est apportée, tu te concentre dessus comme une échappatoire. T’as l’impression que si elle te regarde pendant que tu continues à parler elle va remarquer le malaise qui t’as traversé. Parce que la dernière fois que tu t’es casée, ça a mal terminé. Pour lui, pour toi et pour le bébé que tu aurais dû avoir. « C’est sûr, mais dis-toi que plus tu commanderas et moins il y aura de place sur la table ! » Tu attends que le serveur revienne pour lui faire part de ton choix. « Le classique hamburgers frits pour moi ! »
n rire amusé s’échappe des lèvres de Junneau en imaginant Lexa faire peur aux petits-amis de sa sœur. Ça pourrait fonctionner, mais sûr qu’elle était tout de même moins effrayante que ses frères. Ils avaient de bonnes raisons, mais hors de question de discuter de ça ici. Jun n’en discutait pas d’ailleurs. Même Dana n’était pas au courant. Comment pourrait-elle la mettre au courant que son ex qui avait tenté de la violer il y a quelques mois était de retour et l’effrayée par sms ou la nuit lorsqu’elle sortait du travail ? Brr, rien que d’y penser elle en avait des frissons dans le dos. N’y pense plus Juny !
« Un vrai cupidon hein ? » demanda-t-elle tout en reprenant la discussion pour oublier ses mauvaises pensées. « Pourquoi pas ! Gare à mes frères s’ils traitent dans les parages, mais tu arriveras peut-être bien à les amadouer qui sait hihi »
Il faut dire que Lexa était une belle jeune femme. Aucun doute qu’elle pourrait aisément avoir les hommes à ses pieds également si elle le voulait et peut-être bien que Jun pourrait songer à caser un de ses frères ou même deux… Les deux plus âgés. Pourquoi pas ! Ça serait un peu l’arroseur arrosé ! Sauf qu’on ne jouait pas avec les sentiments… M’enfin, Lexa ne semblait pas chercher une relation sérieuse pour le moment.
« Tu n’as pas un moyen quelconque pour le contacter, histoire de t’assurer au moins qu’il va bien ? » demanda-t-elle tout en feuilletant le menu. Junneau attrapa son cocktail pour en boire une gorgée et n’attendit pas une réponse de Lexa, se laissant vite prendre par la carte qu’elles avaient désormais sous les yeux. Il allait bien falloir se décider. Allez, n’ayons pas les yeux plus gros que le ventre et soyons raisonnable.
« Un végétarien pour moi avec une carafe d’eau aussi s’il vous plait. Merci. »
Tu ne peux t’empêcher de rire. Oh ça, tu ne vas pas craindre des grands frères trop protecteurs, que pourraient-ils te faire à part essayer de te remonter les bretelles ? D’après toi, il faut accepter que ses cades grandissent toujours un jour ou l’autre. « Exactement ! Même si je ne les connais pas, tes frères ne me font pas peur ! » Tu réponds dans un sourire en terminant ton verre. « T’inquiète pour moi, je réussirai à les convaincre de laisser leur petite sœur avoir un petit copain. Je plaiderai ta cause ! » Ton sourire se transforme peu à peu en sourire en coin. Oui, jouer les cupidons ça t’amuse, ça t’empêche de penser à ta misérable vie sentimentale. T’es sans doute incapable de tenir une relation et même lorsque tu essayes, ça se termine mal alors à quoi bon ? La vie n’a sans doute pas prévu ça pour toi, peut-être que ton destin à toi c’est seulement la musique et t’occuper de ta Spenny le temps qu’elle vit encore chez votre père. Tu secoues la tête lorsqu’elle te demande si tu as un moyen de contacter Even. « Non aucun. Tu sais, il a fait semblant d’être mon petit copain pour me faire rentrer chez Starbuck, on a bossé ensemble deux semaines, on s’entendait même plutôt bien, mais plus aucunes nouvelles. Et je n’ai pas son numéro de téléphone, malheureusement. » Tu soupires. « Dommage, je l’aimais bien. » Et c’était vrai, il était plutôt sympa et c’est quand même grâce à lui que tu avais réussi à obtenir un job ! Sinon, tu serais peut-être encore en train de chercher du boulot. Tu n’aurais pas une thune et tu vivrais sur le dos de ton père et de ta sœur. Tu ne penses pas que ça dérange Spenny mais ça dérangerait surement ton père. Tu es parti à 16 ans, c’est un peu normal qu’il ne souhaite pas tout payer pour toi à ton retour.
ne moue d’ennuie se dessina sur la petite bouille de Jun lorsque Lexa lui expliqua qu’elle n’avait pas de moyen de contacter cet homme. C’était vraiment dommage en effet et elle voyait bien à l’expression de la jeune femme qu’elle avait le jeune homme en question. Comment pouvait-on disparaître ainsi du jour au lendemain ? Il avait dû lui arriver quelque chose, forcément ! Ce n’était pas les affaires de Jun. Elle ne devrait pas insister. Pourtant, elle continua en tentant de trouver une solution, car celle-ci ne lui convenait pas et n’était pas bien à son goût. Pas question de laisser sa nouvelle amie ainsi sans véritable solution !
« Ah non ! Pas de soupir. Tu es mon cupidon, je vais être ta bonne étoile. Je vais t’aider à le retrouver ou à trouver un moyen de le contacter. Il y en a forcément un ! On ne disparaît pas ainsi surtout après avoir aidé une jolie fille à bosser dans son lieu de travail. Il lui est arrivé quelque chose, grave ou pas, on va trouver ce que c’est. »
Elles se connaissaient depuis à peine trois quart d’heure et Jun la considérait et prenait déjà le rôle d’amie avec Lexa. C’était tout Junneau. Elle s’entendait un peu plus que bien avec une personne, même tout juste rencontrée, eh bien ils étaient déjà copains-copains et elle ferait tout pour que sa nouvelle amie soit bien. Elle était trop bonne ou croyait trop en la bonté humaine. Trop confiante et probablement trop naïve. Impossible de la changer. C’est donc, confiante, enthousiaste et pleine d’encouragements pour Lexa qu’elle continua dans son élan en attendant leurs plats. Sur ce coup-là, Jun ne semblait pas prête à lâcher le morceau. Elles trouveraient le fin mot de cette histoire et c’était mieux de le faire ensemble, à deux que toute seule.
« Est-ce que tu as essayé de demander à ton supérieur s’il avait un numéro ou une adresse de chez… euh, il s’appelle comment déjà ? Tout employeur doit avoir les coordonnées de ces employés. Il doit donc bien y avoir des registres quelque part avec ce type d’informations. »
Tu t’étais rapidement attachée à Even, Lexa quand tu y penses. Pas seulement parce qu’il t’a aidé à trouver un job, mais aussi parce qu’une part de lui te rappelait un peu Zay et tes Bloody Lovers. Faudrait vraiment que tu penses à essayer de leur envoyer un message un de ces quatre, juste histoire de savoir comme ça va, mais tu n’assumes toujours pas d’être partie sans regarder derrière toi. Tu n’assumes pas d’avoir perdu Hailey. Un sourire naquit sur tes lèvres lorsque tu écoutes la petite brunette parler. « Tu es vraiment une fille adorable, Jun. » Tu marques une courte pause. « C’est ce que je me disais aussi, mais tu sais, je suis du genre à quitter un endroit sans prévenir personne, je me suis juste dis que c’est ce qu’il a fait. Mais la dernière fois qu’on s’est vu, tout allait bien alors je ne sais pas… » Tu hausses les épaules. « Mais je ne dirais pas non à une coéquipière pour avoir le fin mot de l’histoire ! » Vous ne vous connaissez pas depuis longtemps, mais tu es presque certaine d’avoir cerné le personnage. Junneau semble être une fille adorablement gentille et surtout prête à beaucoup pour ses amis. Encore une fois, tu hausses les épaules quand elle te demande si tu ne peux pas demander un moyen de contact à ton patron. « Even ! Il s’appelle Even. Il ne me donnera jamais son numéro… Je pense que ce sont des informations confidentielles. Et puis, nous étions censés sortir ensemble, je dois théoriquement savoir où il habite et quel est son numéro de téléphone. A moins que je réussisse à rentrer dans son bureau en secret et regarder dans ces dossiers. » Faut dire que cette discussion te motive à mettre ton trop-plein de curiosité en action, Junneau a l’air enthousiaste alors tu te dis que finalement, Even n’est peut-être pas parti sur un coup de tête. « Et tu sais quoi ? Je vais trouver un moyen de me faufiler dans son bureau ! » Ouais, tu trouveras bien un moyen, t’as toujours été débrouillarde, faut juste que tu trouves un moyen qui te laisses assez de temps pour trouver les dossiers et trouver celui d’Even.
uper ! Jun était enchantée ! Elle savait bien qu’elle arriverait à convaincre Lexa de laisser l’aider à démêler tout ça et puis ce n’est pas non plus comme si tu lui laissais le choix non plus. Tu n’imposais pas non plus, m’enfin, elle était d’accord et accepter son aide. Tant mieux ! Even. Faux petit ami égal Even. Disparu égal Even. Ça allait le faire. Ça va finir par entrer dans sa petite tête. Faut dire que Junneau a une mémoire de poisson parfois. Elle était pleine de bonnes attentions, mais si elle ne voulait pas mettre des bâtons dans les roues à Lexa, elle avait intérêt à retenir et à bien comprendre tous les détails pour ne pas faire de boulette. Surtout si elles se préparaient à frôler l’illégalité.
« Mm oui c’est sûr que t’es supposée savoir… Je pensais en effet à quelque chose comme créer une diversion le temps de regarder dans les dossiers. »
Ça ne devrait pas être grand-chose après tout ? Elles ne ferraient de mal à personne. Elles jetteraient juste un petit œil sur le fichier recherché, retiendrait l’adresse ou prendrait une photo avec le téléphone pour être sûr de ne rien oublier et terminé. Non ? Pour Junneau, tout lui semblait bien simple et innocent. Il n’y avait rien de méchant dans ce petit plan pas du tout élaboré et réfléchi. Néanmoins conscience qu’il fallait rester discrète à ce sujet, Junneau se pencha vers Lexa et continua de discuter, mais à voix basse cette fois-ci. Pourtant, personne ne risquait d’entendre leur conversation, le brouhaha du restaurant couvrait largement leurs voix. On ne savait jamais quand le serveur allait arriver. Ils sont toujours si discrets qu’on ne les voit pas toujours arriver !
« Pour cela il faut créer une opportunité, le moment propice. On peut essayer quelque chose du genre : je débarque en tant que cliente et je blablate avec ton patron. Comme ça je l’occupe et ça te laisse le temps de te faufiler dans son bureau. Ça ne devrait pas mettre trop de temps de trouver la fiche d’Even et dès que je t’aurais de nouveau dans mon champ de vision, hop je termine la conversation et je file ni vu ni connu. Ça pourrait fonctionner, t’en dis quoi ? »
A voir... Faudrait déjà surtout savoir comment Junneau pourra le retenir le temps nécessaire, car elle n’était pas le genre de fille à aborder un homme pour le draguer ou le charmer, donc il allait falloir trouver autre chose.
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